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...Trucs & astuces, conseils, et autres bidouilles...
Le dos du plongeur:
Par
Franck Gentili kinésithérapeute
Trop lourd !!!
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D’un coté le
matériel de plongée : lourd très lourd… de l’autre le mal de dos : qualifié de
mal du siècle.
Sauf à
pratiquer l’apnée en maillot et sans lestage tôt ou tard le plongeur devra
surcharger sa colonne vertébrale du lourd matériel qui lui est nécessaire…
Le sac de
plongée, le bloc, le lestage, les détendeurs, le phare, le gilet, les blocs
décos, les dévidoirs, , les cisailles ou le couteau… Le plongeur tek peut
s’immerger avec plus de 60kg de matériel sur le dos, mais le plongeur loisir
même débutant embarque près de 20kg…
Regardez
combien de fois pour une seule plongée vous êtes amené à déplacer votre sac ou
votre bloc. Le problème est que toutes ces charges s’additionnent et, au fil des
journées, des mois ou des années votre colonne tient le compte et vous fera
payer l’addition plus tard. Sachez amis plongeurs que si le dicton populaire
nous fait croire que l’on a l’âge de ses artères, on n’a pas forcement celui de
ses vertèbres… |
Aïe, aïe, aïe !!!
En plongée la colonne lombaire (appelé vulgairement « les
reins », même si il n’y aucun rapport avec l’organe du même nom) est très
sollicitée.
D’après certaines études, 99% des hommes et 75% des femmes
ne pourraient porter une charge supérieure à 23Kg (à 2 mains, dos droit, charge contre
soi) sans que cela ne soit nocif pour leur colonne.
De plus, le fait de solliciter sa colonne lombaire cambrée ou
courbée peu engendrer des douleurs (articulaires, discales (hernies),
musculaires (blocage), nerveuses (sciatique) ou ligamentaires).
Voici en trois points essentiels la façon d’utiliser sa
colonne sans la martyriser:
1-
Diminuer ou fractionner les charges soulevées
2-
Eviter les positions qui ont tendance à cambrer ou
courber la colonne lombaire
3- Soulever les charges lourdes (20aine de Kg max) en
utilisant une technique appropriée.
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Si les 2
premiers points sont simples à comprendre le 3éme mérite que l’on si attarde un
peu plus :
L’idée est de
répartir les contraintes du poids soulevé sur 3 supports selon une maxime
toute personnelle « charge dispatchée = vertèbre préservée »
Support
N°1 : le plus grand nombre de disques et de vertèbres : Si la colonne
vertébrale est rigide, droite et verticale la charge sera répartie sur un
maximum de disques et de vertèbres
Support
N°2 : L’abdomen : Si les abdominaux sont contractés, l’abdomen est rigidifié
et peut supporter une partie de la charge délestant d’autan la colonne
vertébrale.
Support
N°3 : la gage thoracique. Sur le même principe il s’agit de rigidifier la
cage thoracique grâce à une apnée inspiratoire, cela permettant à celle-ci de
supporter également une partie de la charge
Les
muscles des jambes (quadriceps, fessiers, mollets…) servant quant à eux à
soulever et déplacer la charge.
La charge
soulevée doit être portée contre soit, le plus près possible de son centre
de gravité (nombril)
Voilà pour la
théorie… |
Résumons : Pour soulever seul une charge
il faut
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- qu’elle
pèse moins de 20kg
- que l’ensemble de son
dos soit droit et vertical
- que ces
abdos soient contractés
- être en apnée inspiratoire lors de l’effort de
soulevé
- qu’elle soit positionné
contre soit |
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Mise en pratique
1- Déchargement / chargement :
Vous l’aurez bien compris, tout ce qui pèse + d’une 20aine de
Kg ne doit pas être déplacé seul. Vous ne plongez jamais seul ? Alors ne
déchargez pas seul non plus ! La notion de binôme commence dès l’arrivée sur le
parking du club qui vous accueille. Aidez votre binôme d’immersion à décharger
le véhicule et à son tour il vous y aidera.
A propos de véhicule, attention à l’accessibilité du coffre :
Lors d’un covoiturage, préférer quand c’est possible, un seuil de chargement
haut et sans rebord (type 4X4 ou break) à un coffre bas et profond. Tous les
efforts de portage se feront en coordination avec votre binôme et comme décrit
plus haut. Ne pas hésitez si le coffre le permet à y grimper dedans, au lieu de
vous contorsionner. |
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2- Déplacement/ critère de choix :
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Une fois le matos hors du coffre et posé au sol, il faut
l’emmener jusqu’au club. Là 2 solutions s’offrent à vous : continuer en binôme...
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...ou faire rouler le tout:
Certain de sac du marché sont montés sur roulettes,
c’est un argument à prendre en compte lors du renouvellement du vôtre.
Pour le bloc ou le bi, utiliser un chariot pliable.
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- Les blocs
Il existe une grande différence de poids entre les blocs
en fonction de leur volume, matériau, marque et méthode de fabrication, le poids
d’un bloc peut également être un argument à prendre en compte lors de l’achat ou
de la location.
Trop de plongeurs avec des blocs légers (carbone, alu, ou
acier plus light) lestent directement leur blocs ou bi ??!! Certes un bloc
léger augmente le lestage du plongeur, mais quel intérêt de choisir un bloc
léger si c’est pour lui « coller » du plomb directement !!! Un bloc léger est
une bénédiction pour sa manutention, alors ajoutez donc le lest de façon à ce
qu’il soit facilement amovible, ou mettez-le à la ceinture ou au harnais. Ainsi
on fractionne en 2 le couple bloc/lest, ce qui permet de les transporter
séparément et d’économiser son dos.
(Ces 2
tableaux sont issus de "Plongée Tek, Guide Technique" de Patrice
Strazzera, Pascal Bernabé et François Brun. Aux éditions GAP) |
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- Le lestage
Pour le lestage, au-delà de 4 ou 5 kg préférer un
harnais qui réparti de façon plus optimale le poids. Pour la ceinture (4 à 5 kg
max) petit conseil pratique : la descendre sur le bassin et disposer les plombs
harmonieusement sur les cotés. Comme ça, en immersion la ceinture ne force pas
la cambrure du plongeur.
Attention aux gilets avec lest intégré, ils ont une fâcheuse
tendance à privilégier la lutte contre le phénomène de « quille » due au bloc,
plutôt que celle contre la lombalgie du plongeur…Attention aux champions du sur
lestage qui, pour être certain de descendre, partent avec 8 kg à la ceinture
quand 3 leur suffiraient… Ces 5 kg superflus c’est vos lombaires qui les
portent !!!
Pour terminer sur le lestage, parlons brièvement du couple
combi sèche/plomb de cheville. Sachez simplement que de la neutralité en
flottabilité de vos pieds dépendra votre position dans l’eau : si vos pieds sont
trop lestés vous « forcerez » tout au long de l’immersion sur vos muscles
lombaires pour contrer leurs velléité à couler.
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3- Gréer / dégréer :
Pourquoi ne pas garder les bonnes habitudes des positions de
portages pour gréer. Pliez vos jambes et garder votre dos bien vertical.
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4- En immersion :
Le positionnement du bloc est primordial pour votre
confort et ce, d’autant plus si vous plongez avec un bi. Il faut qu’il prenne
appui sur votre dos et non sur vos lombaires. Si vous remontez avec cette
désagréable sensation de douleur transversale au niveau des « reins » essayez
donc de remonter votre bouteille de quelques cm…
La position au palier, où l’on est quasi-immobile
allongé regard vers le bas, peut également engendrer le même type de douleur.
Vous pouvez alors essayer de palmer un peu en vous déplaçant autour de vos
compagnons en utilisant par exemple le palmage costal. Une autre solution
consiste à passer le palier sur le dos (face à la surface). Le bloc qui vous a
« pesé » toute la plongée est désormais en dessous de vous… Attention tout de
même, il est plus difficile de maintenir un niveau stable d’immersion dans cette
position et les oreilles sont plus délicates à équilibrer (en cas de légère
descente). L’utilisation d’une longe de palier peut être utile dans ce cas.
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5- Retour à bord :
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Sur un semi-rigide, le mieux, est de
décapeler dans l’eau et de se faire aider à hisser son matériel à bord. La
remontée à l’échelle est plus problématique. Le plongeur passe en
quelques seconde d’un état de faible pesanteur à la dure réalité mise ne
évidence par Newton. Il faut impérativement se servir conjointement de ses
quatre membres pour se hisser vers le haut de l’échelle. Barreau après barreau
en repositionnant idéalement son dos entre chacun d’eux : Même combat que
précédemment, dos bien droit et vertical, abdos contractés, mais attention
SURTOUT PAS D’APNEE INSPIRATOIRE, cette fois-ci, au contraire, BIEN SOUFFLER en
faisant l’effort de se hisser. En effet un effort à glotte fermée à ce moment
pourrait ouvrir un éventuel FOP…
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6- Conseils hygiène de vie
Attention au surpoids, qui sollicite inutilement vos disques
et vos articulations.
Ayez une bonne hygiène de vie alimentaire et pratiquez un
sport de façon régulière.
En effet la mise en œuvre de certaines techniques de
manutentions décrites plus avant nécessite une bonne tonicité et force
musculaire.
Si vous pratiquez la musculation privilégiez ces groupes
musculaires et,
en règle générale le travail de tonification des muscles de
la chaine antérieure
(partie avant du corps) tel que abdominaux, quadriceps,
pectoraux…
et étirez ceux de la chaîne postérieure (partie arrière du
corps)
tel que ischio-jambiers, mollets, grand fessiers.
Demandez conseils aux professionnels, dont votre
kinésithérapeute…
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Conclusion :
L’évolution du plongeur vers la
lombalgie chronique n’est pas une fatalité, vous trouverez là quelques éléments
susceptibles de vous évitez une visite chez votre kiné préféré tous les lundi
matin. La listes de ces conseils n’est bien sur pas exhaustive et certainement
que les plus âgés d’entre vous pratiquent déjà le co-portage de bi ou le
harnais… Pour les autres, vous les jeunes, qui pensez que la lombalgie chronique
est un truc de vieux, n’oubliez pas que vous serez un jour vous aussi un vieux
plongeur et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir mal au dos pour prendre de bonnes
habitudes… Bonnes plongées !!!
Franck
Gentili
kinésithérapeute
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